Opinion
L'Espoyr, une nouvelle valeur
d'échange universelle et
complémentaire
Faisons le pari d'une solution disruptive avec cette
monnaie qui n'est pas garantie par des euros, mais par
la réalisation effective de services publics. Une voie vers
une démocratie authentique.
Contribution externe
● Publié le 29-11-2024 à 10h07
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©Philippe Joisson
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Une carte blanche de Louis
Ledonne et Didier Loyens,respectivement ingénieur, auteur
et ingénieur industriel, fondateur
et président de l'ASBL Espoyr
Dans un monde où les institutions politiques et économiques semblent de plus en
plus déconnectées des réalités quotidiennes des citoyens, il faut faire le pari d'une
solution vraiment disruptive : l'introduction d'un modèle d'économie contributive en
parallèle à l'économie actuelle. Cette nouvelle approche vise, à terme, à financer les
besoins croissants des services publics organisés par nos États et à soutenir la
transition sociétale et écologique sans alourdir la dette des générations futures.
C'est une solution audacieuse face aux limites de l'économie néolibérale et de la
démocratie actuelle qui nous est présentée. L'Espoyr, une nouvelle valeur d'échange
universelle, est destiné à compléter les monnaies traditionnelles pour répondre aux
défis de paix, de sécurité et de droits humains. L'économie contributive et la
solidarité mondiale sont également explorées, avec une feuille de route pour une
gestion écoresponsable des biens communs.
Une nouvelle forme de monnaie pour un autre
modèle économique
La bifurcation écologique et sociale, à laquelle tant d'entre nous aspirent, ne se fera
pas sans bifurcation monétaire. On ne change pas la société simplement en
changeant la monnaie, mais on ne la change pas non plus sans changer la monnaie,
c'est ce qu'enseigne l'histoire monétaire. Or la monnaie qui est aujourd'hui la nôtre
est une monnaie dont les modalités d'émission sont intrinsèquement capitalistes, la
tournant non plus d'abord vers l'échange marchand, mais vers l'accumulation du
capital. En réalité, une transformation monétaire est déjà en cours, la création
monétaire a déjà commencé à s'affranchir d'une contrepartie dette. Nous l'avons vu
au niveau des banques commerciales qui, avec la monnaie acquisitive, créent de la
monnaie en achetant des titres. Les banques centrales ont largement amplifié ce
mouvement avec les mesures d'exception qu'elles ont dû prendre pour gérer les
crises, financière puis sanitaire.
Cette émission monétaire serait la traduction pure et simple de
l'expression d'une volonté politique démocratique. Elle serait ainsi
directement affectée aux objectifs d'intérêt général, aux biens communs
et aux biens publics, sans contrepartie comptable exigible, ni
remboursement, ni intérêt.
Cependant, selon les auteurs, une des aspects les plus novateurs de cette nouvelle
approche est l'introduction du concept d'Espoyr, un acronyme qui symbolise unenouvelle forme de monnaie. Contrairement aux monnaies locales traditionnelles,
l'Espoyr n'est pas garanti par des euros, mais par la réalisation effective de services
publics. Cette monnaie sécurisée et garantie par une blockchain (1) serait donnée
sous forme de bons, alloués proportionnellement au nombre de citoyens et utilisés
pour financer directement les services publics. Elle permettrait de corriger les
dérives des monnaies dettes avec intérêt puisque ces bons circuleraient dans
l'économie en allégeant la pression fiscale sur les commerçants locaux et en
finançant sans endettement les projets communs. Cette émission monétaire serait la
traduction pure et simple de l'expression d'une volonté politique démocratique. Elle
serait ainsi directement affectée aux objectifs d'intérêt général, aux biens communs
et aux biens publics, sans contrepartie comptable exigible, ni remboursement, ni
intérêt. Ce mécanisme échapperait totalement aux mécanismes bancaires
classiques (émission par le crédit ou par acquisition de titres), puisqu'il s'agit en
réalité d'une subvention.
Quels sont les risques potentiels qu'une telle initiative pourrait engendrer,
notamment en termes de populisme ? Il est indéniable que cela pourrait constituer
un danger, mais une démocratie directe/participative pourrait justement prévenir
d'éventuelles dérives en rendant chaque individu acteur des décisions collectives.
Il est temps de donner au peuple les outils pour s'exprimer réellement, en leur
proposant une voie vers une démocratie authentique, qui ne serait plus au service
des intérêts du capital, mais de l'humanité tout entière.
Un avenir à construire ensemble
Par le biais de cette monnaie citoyenne à portée universelle, on atteindrait de la
sorte une configuration monétaire mettant en valeur la complémentarité des objectifs
marchands et non marchands afin de réaliser une forme d'équilibre entre les intérêts
individuels et collectifs, entre les intérêts à court terme et à long terme, les intérêts
de l'économie et ceux du lien social et de la nature. Ainsi l'instauration d'un
mécanisme de monnaie volontaire tracerait le chemin du développement durable en
allégeant l'endettement et en se libérant des injonctions de rentabilité financière, de
croissance ou de concurrence. C'est un projet de société porté par un projet de
monnaie, une monnaie à mission, avec laquelle il deviendrait possible de prendre
soin de la planète et de la société, pour un avenir enfin authentiquement social et
écologique.
Alors que le monde semble osciller entre désillusion et quête de renouveau, Une
vraie démocratie pour l'humanité invite chacun à repenser sa place dans la société
et à participer activement à la construction d'un avenir collectif.
⇒ "Une vraie démocratie pour l'humanité "l'Espoyr", Éditions Le Lys Bleu.
⇒ (1) Blockchain : base de données qui contient l'historique de tous les échanges
effectués entre ses utilisateurs depuis sa création, sécurisée, distribuée et sans
intermédiaire : ce qui permet à chacun de vérifier la validité de la chaîne.

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